Sans doute la densité de l’actualité et la mobilisation de l’opinion autour d’autres thématiques ont-elles éclipsé le centenaire de l’UGSEL et l’attention à tout ce qu’ont signifié et signifient son origine et son histoire. Au moins en restera-t-il heureusement ce bref mais bel ouvrage de François HOCHEPIED, qui étudie les circonstances de son début et le premier demi-siècle de son développement, en situant notamment le rôle moteur et décisif de Mgr Barbier de la Serre, à qui l’auteur avait déjà consacré un ouvrage[1].
Au-delà de ses aspects circonstanciels, la naissance de l’UGSEL manifeste, dans l’évolution historique de l’éducation chrétienne en France, un regard nouveau et plus approfondi sur ce qu’elle doit être : il s’agit, en définitive, d’une meilleure conception d’ordre anthropologique. Dans une Ecole que domine la vision intellectualiste d’un rôle centré sur la transmission des disciplines de l’esprit, l’objectif - et cela ne va pas sans réticences, ni résistances - est de mettre en œuvre la formation plénière d’un être humain créé à l’image d’un Dieu incarné qui a pris corps en Jésus-Christ ; cela implique une « bonne éducation physique », intégrée à une saine hiérarchie des valeurs.
Aussi, appréciera-t-on la lucidité avec laquelle Mgr de la Serre pressent et condamne à l’avance les dangers et les excès : céder à l’idolâtrie des performances, au sport-spectacle, à l’esclavage financier des athlètes. Même si la notion de « sport catholique » s’avère désormais désuète, l’UGSEL eu l’immense mérite de pressentir et de théoriser une conception de l’éducation physique et sportive dont les corruptions actuelles mettent la pertinence en lumière.
On saura à bon droit gré à François HOCHEPIED d’avoir si bien montré comment ce double combat, pour la valorisation et pour l’authenticité, a marqué les 50 premières années d’une institution dont on souhaite vivement qu’il écrive maintenant la suite.
Guy Avanzini
[1] F. Hochepied, Mgr René Barbier de la Serre (1880-1969) - un éducateur conservateur et novateur, Paris, Cerf, 2009.